Adisseo, un aventure asiatique
La vie des entreprises n'est pas un long fleuve
tranquille. Témoin de cela, l'entreprise Adisseo, jadis
filiale du groupe de chimie Aventis, puis vendue au
fonds d'investissements CVC, en 2002 puis revendue au
conglémorat chinois Bluestar/ChemChina en 2005 après
être passé de 580 millions € à 500 millions € de chiffre
d'affaires.
Depuis le rachat qui lui a ouvert les portes du
marché chinois, alors en pleine explosion, le chiffre
d'affaires d'Adisseo a été multiplié par plus de
trois pour atteindre 1,75 milliards en 2015. Preuve que
les rachats par des groupes étrangers sont parfois des
opportunités de développement pour de grandes PME
françaises. Particularité de ce rachat, l'acheteur
Bluestar n'était pas du tout présent sur le marché de la
nutrition animale. Bluestar n'a donc pas racheté une
part de marché, pour « rationnaliser » ultérieurement
mais a racheté une société pour la développer. C'est
peut-être le secret de cette aventure asiatique réussie
pour cette entreprise d'origine française dont le
management a désormais un pied à l'Ouest et un pied à
l'Est.
D'ailleurs, des évènements sont organisés pour faire
se rencontrer les équipes des deux côtés de la planète.
Etre une multinationale présente en effet des défis
opérationnels, parmi lesquels l'intégration des équipes.
Cette internationalisation et ce développement sur le
marché asiatique se sont parfois au final transformés en
force dans le cadre de la politique de recrutement, la
possibilité de travailler avec la Chine s'avérant être
un plus du côté des candidats.
Le statut de filiale d'un groupe Chinois (China
National Chemical Corporation aka ChemChina, dont le
chiffre d'affaires dépasse $40 milliards), a
probablement été un avantage clé pour pénétrer le marché
chinois réputé difficile d'accès sinon fermé aux
entreprises étrangères. Adisseo détenait une part de
marché de 30 % pour la méthionine, mais n'était pas
nécessaire l'entreprise la mieux placée pour tirer parti
de la croissance du marché chinois, boosté par la
multiplication des élevages. En 2013, Adisseo crée
une unité de production de méthionine est a Nianjin en
Chine qui assoit définitivement sa place au sein des
leaders mondiaux de la nutrition animale.
Ce gigantesque investissement en Chine ne remplace
les investissements en France : le paradoxe est que bien
que se développant en Chine et désormais implanté dans
10 pays,
Adisseo a multiplié les investissements en
France dans le cadre d'une stratégie de long terme. 110
millions d'euros ont par exemple été investi dans une
nouvelle unité de production de MMP (aldéhyde
méthylthiopropionique) sur son site des Roches à
Saint-Clair-du-Rhône (Isère). MMP est le premier
intermédiaire de synthèse de la méthionine, un acide
aminé soufré, complément nutritionnel pour l’élevage de
volailles et spécialité d'Adisseo.
Plus d'infos sur les investissements d'Adisséo
Consécration,
après une introduction avortée à la bourse de Hong Kong
en 2010, Adisseo réussit son IPO à la bourse de Shanghai
et devient en 2015, la première société française de
cette taille côté sur ce marché. Environ 90% du capital
de la société est toujours détenu par Bluestar, alors
que le flottant est détenu par des actionnaires
minoritaires. Le produit des émissions d’actions futures
permettra à Adisseo de continuer à investir massivement
dans la recherche et le développement, en plus de
l'optimisation de la performance et de la durabilité de
ses plateformes de production et de financer sa
croissance externe qui viendra compléter son
développement organique. Adisseo affiche donc des
ambitions plus importantes que jamais. Et si elle avait
montré la voie pour réussir en Chine ?
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d'Adisséo
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